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Xiamen, un îlot d'ouverture et de tolérance

criPublished: 2022-02-15 15:12:45
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À un mois de la fête du Printemps, Zuzana Pavlonova, une jeune Tchèque qui vit et travaille à Xiamen (Fujian), a déjà entièrement organisé son week-end : elle a fait son marché et appris à cuisiner des plats chinois auprès de sa propriétaire. « Cette année, j’irai à Fuzhou (chef-lieu du Fujian) avec mes amis pour le Nouvel An lunaire. Ce sera ma première vraie fête du Printemps depuis que je suis en Chine. » Elle parcourt la Toile pour mieux connaître les us et coutumes de Fuzhou pendant le Nouvel An lunaire pour être certaine de profiter au mieux de cette fête.

« Par exemple, le porc au litchi, un plat aigre-doux, remonte à deux ou trois siècles. Les rouleaux de printemps de Fuzhou, communément appelés gâteaux de printemps, sont essentiels pendant la fête du Printemps. Le plat qu’on appelle “ Le Bouddha saute par-dessus le mur ” est composé d’une vingtaine d’ingrédients, notamment les fruits de mer, le tout cuisiné au vin de riz », explique cette passionnée de culture traditionnelle chinoise fascinée par la gastronomie régionale. « La cuisine chinoise est si riche qu’aucun pays au monde ne lui arrive à la cheville. »

Mme Pavlonova vient de Křtiny, une commune de la région de Moravie-du-Sud, en République tchèque. « En 2013, j’ai suivi un cours de chinois des affaires d’un an à l’Université des finances et d’économie de Shanghai. C’était la première fois que je venais en Chine. En regardant les gratte-ciel un peu partout, j’avais du mal à m’habituer, surtout en comparaison avec Křtiny : ce sont deux mondes. » Durant son court séjour, elle a eu un sentiment d’inachevé. Tout en Chine suscitait sa curiosité, et elle espérait avoir l’opportunité d’y revenir pour en apprendre plus sur ce pays. « En 2015, j’ai de nouveau obtenu une bourse pour étudier en Chine. Sur la recommandation d’un ami, je suis allée à l’Université de Xiamen. »

Après avoir obtenu une maîtrise de cette université en 2018, elle a décidé de rester dans cette ville ouverte et tolérante, conquise par la simplicité, la gentillesse et la chaleur de ses habitants.

Un bol de nouilles au satay

Le 24 octobre 2021, Mme Pavlonova a reçu de ses parents du miel, des noix et des chocolats qu’elle a offerts à sa propriétaire âgée. Début 2019, elle a loué son appartement à Shapowei, dans l’arrondissement de Siming. « Elle est très gentille avec moi et me prépare souvent des amuse-gueules de Xiamen », dit-elle, précisant que sa propriétaire est une Chinoise d’outre-mer originaire de Malaisie qui est revenue à Xiamen depuis Hong Kong avec sa famille lorsqu’elle était enfant. « Elle connaît les difficultés de la vie à l’étranger, alors elle prend particulièrement soin de moi, qui suis étrangère. »

Un soir d’hiver 2020, alors qu’il pleuvait, Mme Pavlonova avait froid à son domicile. Sa propriétaire lui a apporté un bol de nouilles shacha fumantes. C’est un met traditionnel au satay réputé à Xiamen, que chacun fait à sa manière et selon ses envies. « Cette grand-mère m’a dit que nous sommes un peu comme les ingrédients dans les nouilles shacha. C’est en étant ensemble que la saveur ressort. Tout comme chacun d’entre nous qui venons de différents pays et sommes réunis à Xiamen, nous contribuons tous au développement de Xiamen. C’est pourquoi Xiamen est si belle aujourd’hui. »

Tous unis contre le COVID-19

Zuzana Pavlonova (c.) et l’équipe des bénévoles étrangers

Pendant les congés de la fête du Printemps de 2020, Mme Pavlonova est retournée à Křtiny. « Ma mère était malade et en raison de l’épidémie, il m’a été très difficile de retourner à Xiamen. » Après plus d’un an d’attente, elle est finalement revenue le 18 mars 2021. « Le parcours a été tumultueux. Lorsque l’avion a atterri à Xiamen, je me suis immédiatement sentie à l’aise. » Après 21 jours d’isolement, elle est allée à la plage pour profiter de la brise marine et ressentir enfin un sentiment de sécurité et de détente.

En septembre 2021, Xiamen a connu des cas de COVID-19. Mme Pavlonova, qui était l’assistante du directeur de la station de service des talents étrangers de la communauté résidentielle de Guanren, a immédiatement mobilisé une équipe de 40 volontaires étrangers. « Comme je suis bénévole pour One World, un centre social philanthropique, quand j’ai posté le message sur WeChat, beaucoup ont répondu rapidement, et plus de la moitié étaient des étrangers comme moi. » De nombreux étrangers vivent à Guanren et il n’a pas été facile de les faire sortir de chez eux dans un court laps de temps pour des tests d’acide nucléique. « Le designer Raj de Singapour est un résident de Guanren. Il a été chargé de maintenir l’ordre, d’organiser la file d’attente, de remplir des questionnaires et de faire un travail de traduction. Anna, de Serbie, est également allée au point de tests d’acide nucléique de Guanren pour aider les résidents. » Pendant la phase de vaccination, Mme Pavlonova a découvert que de nombreux étrangers étaient encore un peu perdus et elle est devenue présentatrice dans un clip vidéo en présentant en anglais tout le processus, de l’enregistrement à la délivrance du certificat, en passant par la vaccination et l’observation.

« Alors que la situation épidémique dans de nombreux pays continue de se propager, la Chine a accumulé une expérience réussie dans la lutte contre l’épidémie dont le monde peut bénéficier. Comme la gestion du réseau communautaire dans l’arrondissement de Siming où je me trouve, les tests d’acide nucléique et la vaccination ont concerné chaque personne dans tous les foyers. Si d’autres pays dans le monde pouvaient faire comme la Chine, la pandémie pourrait être jugulée dans le monde. »

Des étrangers qui se passent le relais

Xiamen est l’une des premières villes côtières de Chine à s’ouvrir sur l’extérieur et a été classée à sept reprises comme la ville chinoise la plus attrayante et au potentiel le plus élevé pour la main-d’œuvre étrangère qualifiée. Selon Mme Pavlonova, plus de 1 800 étrangers sont actuellement détenteurs d’un permis de travail pour l’innovation et la création d’entreprises. Le haut du panier représente plus de 90 % du total, en provenance du Japon, de la République de Corée, des États-Unis, des Philippines, du Royaume-Uni, de Singapour, d’Inde et d’Afrique du Sud. « Il n’y a qu’une poignée de Tchèques comme moi, et je suis un article de luxe à Xiamen », dit-elle avec humour. En 2021, Mme Pavlonova, la trentaine, et William N. Brown, la soixantaine, ont été embauchés en même temps comme consultants étrangers par le Centre de services pour le personnel étranger qualifié de Xiamen, ce dont elle est très fière.

William N. Brown, un Américain, est professeur à l’Université de Xiamen, connu pour être un « ami du peuple chinois » et un citoyen d’honneur du Fujian. Il a beaucoup contribué à parler de la Chine au monde anglophone pour mieux faire connaître ce pays. « J’ai toujours été fan, et son expérience mérite d’être émulée par ceux qui arrivent. »

L’année 2021 a été très riche pour cette jeune femme qui se considère comme une passeuse. Elle a compilé Travailler et vivre à Xiamen, un guide destiné au personnel étranger, qui a été publié récemment. C’est devenu un vadémécum qui facilite la vie des étrangers et les tient informés des réglementations en vigueur.

Quand elle rencontre elle-même des difficultés, elle fredonne une chanson en dialecte du sud du Fujian que sa propriétaire lui a enseignée. « Ta vie est déterminée aux trois sur dix, le reste dépend de tes efforts, alors travaille dur. » Des paroles qu’elle a fait siennes.

*CHEN SHAOLIN est journaliste indépendant.

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