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Quand les JO d’hiver rencontre le développement régional

criPublished: 2022-04-21 16:37:19
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Shen Jin (à droite), responsable de la planification et de la construction des sites de compétition et des infrastructures de la zone de Zhangjiakou, discute le projet avec un responsable de la Fédération internationale du Ski

En tant que, Shen Jin était souvent à cheval entre Beijing et Zhangjiakou lors des six dernières années pour la préparation des Jeux Olympiques d’hiver de 2022.

Dans le cadre des travaux qu’il supervisait, Shen Jin a vu tout un stade sortir des terres dans le délai indiqué. Il a précisé que des professionnels des médias comme des athlètes avaient exprimé leurs satisfactions à la suite de cette infrastructure sportive. Ce qui est également un motif de satisfaction pour Shen Jin et l’ensemble de son équipe dont les efforts ont été récompensés. Reste à savoir si ce grand héritage des JO d’hiver seront pérennisés. La question reste posée dans son esprit.

Le sujet du développement durable inscrit dans le Plan de mission

De son expérience acquise dans le travail de préparation de ces Jeux, Shen Jin a compris que son rôle ne se limitait pas seulement dans la création des conditions propices aux Jeux olympiques, et que sa mission consistait aussi à cette occasion de cette fête sportive mondiale dans la perspective de faire avancer la cause du développement économique et social local ». Autrement dit, favoriser le développement coordonné de la zone Beijing-Tianjing-Hebei, optimiser la structure industrielle, améliorer des infrastructures, booster la consommation, etc.

L’utilisation durable des installations olympiques de Beijing est le sens du développement social actuel de la Chine, a déclaré Shen Jin.

« La préparation des Jeux et l’utilisation durable de l’héritage olympique, ce sont les deux domaines dans lesquels nous devons mener notre travail de manière substantielle. Il ne faut pas dès lors attendre jusqu’après à la fin des Jeux, alors que les carottes seront déjà cuites, pour réfléchir à la revitalisation des installations », avait-il encore ajouté.

Devant toute une pile de documents posés juste au coin de son bureau, Shen Jin a révélé qu’il en a quinze qui enregistrent tous les détails du travail de planification et de construction de la zone Zhangjiakou au cours des six dernières années, y compris les comptes-rendus de la réunion et les rapports originaux. L’exigence de l’utilisation durable des sites a été reprise dans le Plan de mission en même temps qu’on procédait au lancement d’un appel d’offre international pendant la période des préparations. Depuis lors, cette disposition n’a pas été enlevée alors que le projet a subi plusieurs modifications ».

L’utilisation durable de l’héritage olympique constitue également un besoin urgent pour le développement du Mouvement olympique. « Compte tenu des expériences des Jeux Olympiques précédents, il est important de saisir l'équilibre entre les besoins de la compétition et la réutilisation après les jeux. Tout au long du processus de construction et de planification, nous étions toujours confrontés à des choix multiples et difficiles, aussi bien à des ajustements ».

En 2014, le Comité international olympique a publié l’Agenda olympique 2020, une grande réforme axée sur plusieurs sujets tels que le développement durable et l’amélioration de la crédibilité auprès du grand public. Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing sont donc les premiers à le mettre en œuvre.

« Au début des préparations, nous avions lancé un appel d’offre international pour le projet de planification et de construction, du fait que nous n’avons aucune expérience dans la construction des stades de neige, et manquons de connaissances sur les sports d’hiver ». Passant en revue le travail de planification et de construction dans la zone de Zhangjiakou, Shen Jin estime que la voie choisie au début était dans la bonne direction. Les meilleures entreprises et experts du monde travaillent en coordination avec l’équipe chinoise, « nous aidant à accumuler de l’expérience et à cultiver notre équipe. Ce qui nous permet de suivre notre propre chemin à l’avenir et de réaliser la durabilité des ressources humaines ».

Si le «Ruyi des neiges» se transformerait en tour panoramique ?

Le Centre national de saut à ski, situé dans les montagnes du district de Chongli, est un site de compétition emblématique de la zone de Zhangjiakou. Son architecture ressemble à un ornement chinois traditionnel qui symbolise la bonne fortune, c'est pourquoi l'installation a été baptisée « Ruyi des neiges ».

Parmi les quatre sites de compétition à Zhangjiakou, « Ruyi des neiges » dispose des travaux les plus massifs et les plus difficiles à achever sur le plan technique. Seulement l’espace annulaire au sommet de cette installation, appelé « Club de Sommet », a besoin de presque 3000 tonnes d’aciers. En plus de répondre aux besoins esthétiques à l’image de la tête de Ruyi, la construction de cette énorme espace de forme annulaire est davantage prise en compte pour une utilisation après les Jeux. Après tout, le saut à ski est un sport de neige tellement difficile que le grand public est moins susceptible de faire l'expérience de ce sport directement sur les sites olympiques.

Avec une superficie de mille mètres carrés et sans colonne, cet espace au sommet de « Ruyi des neiges » pourrait être utilisé à divers fins après les Jeux, par exemple pour organiser des expositions, des banquets, comme aussi des forums internationaux ou encore accueillir les chefs d’Etat. On peut également le transformer en café et bar à livres, ou en plateforme panoramique à 360 degrés destinées aux touristes qui viennent admirer les beaux paysages de Chongli.

La zone d'extrémité du tremplin nous fait également réfléchir sur sa réaffectation après les Jeux. Pour aider les athlètes à ralentir, cette zone est généralement construite comme pente inversée, tandis que celle de « Ruyi des neiges » est une aire tout à fait plate, permettant d’élargir l’espace des spectateurs à plus de 6000 places. Cette zone peut accueillir les matchs de football et de handball. Il y a aussi la possibilité d’organiser des concerts ou des cérémonies d’ouverture etc.

La popularité de « Ruyi des neiges » a continué à grimper pendant les Jeux Olympique d’hiver. Un athlète étranger a publié une vidéo de « Ruyi des neiges », devenue virale sur les réseaux sociaux, démontrant que la Grande Muraille était visible depuis le tremplin. Shen Jin est donc très optimiste quant à l’utilisation durable de « Ruyi des neiges ». S’il peut être ouvert au public après les Jeux, « seulement prendre le funiculaire pour une visite touristique, ça attirerait pas mal de touristes ».

Promouvoir le développement régional en réalisant la connexion ferroviaire

Le chemin de fer à grande vitesse reliant Beijing et District Chongli à Zhangjiakou a été mis en service en 2019, permettant de réduire le trajet entre ces deux villes à 50 minutes. Shen Jin s'est rappelé qu'avant, il lui fallait environ 4 heures de route pour aller-retour en voiture.

La disponibilité de moyens de transports fait que la pratique du « Ski à Chongli » devienne une mode. Il est difficile d’acheter le billet pendant la saison de ski. Le chemin de fer à grande vitesse Beijing-Zhangjiakou a vu passer près de 80 000 trains pendant deux ans, transportant plus de 27 millions de voyageurs, ont indiqué les statistiques publiées par Beijing-Zhangjiakou Intercity Railway Co., Ltd.

En plus de satisfaire aux besoins des Jeux Olympiques d’hiver, le chemin de fer interurbain Beijing-Zhangjiakou, caractérisé par son trafic élevé, sa grande vitesse et son mode d’exploitation comme les transports en commun », permet à Zhangjiakou de faire partie du « cercle de rayonnement d’une heure de trafic » avec Beijing comme centre. Cette ligne ferroviaire va continuer à favoriser le développement local « de l’ensemble de chaînes industrielles dans toute la région pendant toute l’année ». « La Chine est un énorme marché émergent avec un énorme groupe de consommateurs qui est inégalé en Europe ou en Amérique du Nord », a indiqué Shen Jin. Par ailleurs, Chongli, à 180 kilomètres de Beijings, est une destination touristique idéale pour un petit voyage de week-end.

Vu la forte potentialité du développement de l’industrie des sports d’hiver à Chongli, la valeur commerciale de la gare ferroviaire à grande vitesse de Taizicheng a été hautement appréciée, et le « Centre complet de correspondances » a été ainsi construit. Après les Jeux Olympiques d’hiver, cette gare pourrait également accueillir une variété de commerces tels que des services de location d’équipement pour les sports d’hiver, ou de consignation. La gastronomie locale aide également au développement du tourisme.

« Nous espérons concourir à la construction d’une station de téléphériques dans ce centre de correspondances, établissant un ‘système de transport funiculaire’, de sorte qu’on puisse emprunter le téléphérique pour aller directement au stade de compétition après avoir quitté la gare », a déclaré Shen Jin. La Gare de Taizicheng est à 4,5 kilomètres de la Station de Ski de Yunding, et « le téléphérique est le moyen de transport le plus approprié pour relier cette distance ». Au commencement de la planification, un espace pour deux stations de téléphériques a été réservé dans le centre de correspondances. Shen Jin espère que les lignes de téléphérique vers les deux stations de ski de Yunding et de Wanlong soient construites à l’avenir. Ce qui va résoudre véritablement le problème du "dernier kilomètre" entre la gare ferroviaire à grande vitesse et les stations de ski de Chongli.

Parmi les 25 sites de compétitions répartis sur trois zones des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing, cinq ont également accueilli les Jeux Olympiques d’été en 2008, et les autres sont rénovés ou nouvellement construits. « Nous avons profité de l’héritage des JO d’été en 2008, notre travail d’aujourd’hui, pourrait-il laisser un héritage à l’avenir et créer de bonnes conditions pour d’autres transformations fonctionnelles ? » Shen Jin n’arrête pas d’y réfléchir. Les demandes du marché et des exploitants évoluent tellement vite qu’il existe de nombreuses possibilités pour le développement durable de l’héritage des Jeux Olympiques d’hiver. Alors comment trouver la certitude dans une situation incertaine ? D’après Shen Jin, le travail de planification consiste à laisser autant de possibilités et d’espaces que possibles dans l’incertitude. Il y aura une période de rodage pour la réutilisation des sites malgré la planification, mais le temps nous apportera la meilleure réponse, relativise-t-il.

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