Pourquoi les États-Unis plongent-ils sciemment dans le brasier de la guerre ?
Pour gagner davantage de puissance
Raison 2 : le système politique américain est contrôlé par des groupes d'intérêts politico-militaires, uniquement motivés par la guerre. Le fonctionnement du pouvoir politique de facto aux États-Unis dépend du maintien de l'état de guerre ou d'urgence. Cette situation justifiera alors toute action et toute imposition décidée par le gouvernement, mais permettra aussi au président de contourner plus facilement le Congrès et la Cour suprême et d'exercer le pouvoir à sa guise.
La Constitution américaine confère au président le pouvoir majeur de prendre des décisions diplomatiques et militaires, et le privilège de passer outre les lois en cas d'état d'urgence. Au cours du siècle dernier, le gouvernement américain a utilisé les crises, les guerres et les situations d'urgence comme un instrument pour acquérir plus de pouvoir. Le président et les groupes d'intérêts militaro-politiques en ont été les plus grands bénéficiaires.
Au cours du processus, la coordination entre le Congrès et la Cour suprême avec le président surpasse les barrières et contrepoids. Par ailleurs, les âpres luttes partisanes ne contribuent en rien à résoudre les crises, et font apparaître le président et les groupes d'intérêts militaro-politiques, comme les recours ultimes, leur conférant encore plus de pouvoir.
L'universitaire américain Arthur M. Schlesinger Jr. a noté que le président américain assumait de plus en plus le pouvoir politique et militaire. Et cela donne lieu à un phénomène politique de plus en plus saillant dans le pays aujourd'hui - la présidence impériale. Le risque potentiel créé par un pouvoir si incontrôlé et déséquilibré est une préoccupation croissante pour les Américains.
Pour chercher des profits
Troisième raison : l'économie américaine est liée au super char du complexe militaro-industriel. Depuis le début du XXe siècle, des séries de guerres extérieures ont fait du pays une puissance militaire dotée du plus grand équipement au monde, des technologies les plus avancées et des prestataires de la défense les plus influents.
L'industrie militaire colossale est l'un des principaux moteurs de la croissance économique américaine, ses industries en amont et en aval contribuant à près de 40 % du PIB national du pays. Cela a également facilité la montée d'un gigantesque groupe d'intérêts qui couvre les secteurs militaire, politique, financier et universitaire, et dicte souvent les politiques nationales et étrangères : le complexe militaro-industriel.
En attendant, les profits générés par les guerres sont accaparés par les grandes entreprises. Selon le groupe de réflexion américain indépendant Security Policy Reform Institute, les cinq principaux sous-traitants américains de la défense, à savoir Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics, Boeing et Northrop Grumman, ont empoché 2 020 milliards de dollars rien que pour la guerre en Afghanistan. Et cela ne représente qu'une petite partie de leurs bénéfices au cours des deux dernières décennies.
L'Université Brown a estimé que les opérations militaires après l'attaque du 11-septembre ont coûté 6 400 milliards de dollars aux contribuables américains. Une grande partie de l'argent est allée aux cinq plus grandes entreprises de défense américaines, au détriment des investissements dans les dépenses publiques nationales et compromettant le bien-être des Américains.
Une répartition si inégale des intérêts ne prendra pas fin à la suite de manifestations anti-militaristes. Au lieu de cela, cet état de fait continuera de susciter l'avidité des entreprises militaro-industrielles, laissant les États-Unis embourbés dans le bourbier de la guerre, ou à l'aube d'un nouveau conflit.
Des États-Unis belliqueux ont arraché l'hégémonie, mais ont perdu leur identité : ils peuvent réécrire leur histoire, mais ce faisant, ils trahissent leurs propres valeurs. Les fondements de la nation ont été ébranlés. D'autres conflits, crises sociales et même déclin politique suivront, à mesure que le principe de réalité se heurtera aux principes politiques et aux idéaux sociaux de l'Amérique.
La politique et l'économie américaines sont désormais dépendantes. Cela signifie que l'absence de guerres et de stimulants externes découragera les États-Unis d'intégrer les systèmes politiques et économiques, en entraînant le pays sur la voie de la polarisation politique. Cela sapera aussi l'élan d'un développement national soutenu. Mais c'est le prix que les États-Unis doivent payer pour leurs jeux militaires, une réalité dont il n'y a pas de plan de sortie.